Caractériser les composts de biodéchets
Tous les apports de composts de déchets verts et alimentaires n’ont pas tous le même effet sur le sol, ni sur le rendement des pommes de terre, laitues et radis.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
Quel peut être l’intérêt agronomique d’un compost contenant des déchets alimentaires ? Pour répondre à cette question, l’Institut Agro d’Angers a retenu deux composts (C2 et C3), issus d’un mélange à parts égales de déchets alimentaires et de déchets verts. Dans un premier temps, l’équipe du chercheur Patrice Cannavo (lire l'encadré) a caractérisé leurs propriétés agronomiques. Elle les a ensuite comparés à un compost (C1) composé uniquement de déchets verts. On notera qu’un seul des trois produits – C3 – était conforme à la norme sur les amendements organiques (NFU 44-051). Dans les deux autres, le taux de matière organique (MO) était inférieur à l’exigence réglementaire (20 %).
Un effet sur la réserve en eau
L’expérimentation a permis d’évaluer les effets à court terme de ces trois produits sur la qualité agronomique de deux sols contrastés (S1 à 2 % de MO et S2 à 2,25 %) et sur la production de trois cultures légumières : laitue, radis et pomme de terre (variété Amandine). Quelle que soit leur composition, les trois composts ont eu un effet significatif sur les propriétés biochimiques des sols. En clair, dans tous les cas, le taux de MO a progressé. Plus précisément dans le premier sol (S1), le taux de MO passe de 2,25 % à quasiment 3 % en modalité C1 et C2. Il s’établit à 3,5 % avec le compost normé (C3). Dans le sol S2, le taux de MO grimpe de 2 % à 2,3 % (C1), 3,5 % (C2) pour atteindre 5 % (C3).
Au-delà, l’Institut Agro d’Angers s’est également intéressé à l’impact des composts sur les propriétés physiques des deux sols ; en particulier sur leur densité, leur conductivité hydraulique et leur réserve en eau utilisable par les cultures. Globalement, cette dernière progresse dans tous les cas de figure. En sol S1, le plus sableux (655 g/kg) et le plus acide (pH à 6,2) des deux, la réserve utile maximale passe de 20 à 24 mm/cm (C2 et C3) et 26 mm/cm (C1). En sol S2, de type « agricole » avec un pH à 7, la réserve initiale (18 mm/cm) augmente également. En modalité C3 (composts de déchets verts), elle dépasse 30 mm/cm.
Un effet sur le rendement
Enfin, concernant les rendements, quel que soit le légume en place, l’Institut observe un effet « significatif » des composts mélangeant déchets verts et alimentaires (C2 et C3). Les rendements les plus élevés sont obtenus avec C3, le compost normé. À l’inverse, C1, le compost 100 % déchets verts, a eu un impact faible sur le rendement. L’explication la plus plausible est que son rapport C/N, très élevé, a provoqué un phénomène de faim d’azote. Contrairement à C2 et C3, C1 ne contenait par ailleurs pas d’azote minéral lors de son épandage.
Pour accéder à l'ensembles nos offres :